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"Les personnes vulnérables financièrement ne sont aucunement laissées pour compte" Myss Belmonde DOGO

12 Février 2025
  

Elle a la tâche prioritaire de faire reculer la précarité depuis le 06 avril 2021, date de création du Ministère de la Cohésion Nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté. Figure appréciée, elle est sur le terrain pour éviter que certains soient en marge de l’émergence. Interviewée par  « Afrique Magazine », la Ministre Myss Belmonde DOGO nous parle de ses actions en matière de lutte contre la pauvreté et de solidarité. Cartographie de son action et de celle du Gouvernement.

 

A.M : Votre Ministère n’existait pas avant 2021. Quel message le Président de la République a-t-il voulu faire passer en créant ce département ministériel spécifique ?

La lutte contre la pauvreté est une priorité pour le Chef de l’Etat. Depuis 2011, elle occupe une place de choix dans l’action du Gouvernement. Ces politiques ont été centralisées en 2021 à travers la création de mon Ministère. Cela affirme la volonté d’inclusion de toutes les couches de la population et la priorité donnée à la réduction de la précarité dans la marche vers l’émergence.

 

A.M : Comment, concrètement le Gouvernement définit-il la pauvreté ? Quel est son seuil en Côte d’Ivoire ?

La pauvreté est généralement définie comme un manque de ressources pour mener une vie décente. C’est le fait d’être dans une situation d’infériorité matérielle par rapport aux individus les plus favorisés. Cela se traduit par des difficultés à subvenir à ses besoins et à ceux de ses proches. Mais elle ne se caractérise pas uniquement à une précarité financière. Être pauvre, c’est aussi avoir faim, ne pas avoir accès à l’éducation, à l’électricité, à l’eau potable, à la santé, au loisir…La satisfaction des besoins de base est jugée indispensable à la vie décente d’un être humain. Selon les travaux de Benjamin Seebohm Rowntree en 1901, le seuil est fixé en fonction des biens alimentaires (2400 calories par jour pour la pauvreté, 1800 pour l’extrême pauvreté) et non alimentaires nécessaires à la vie quotidienne. Ces derniers comprennent l’habillement, le transport, l’hygiène, l’eau et l’énergie. Les pays de l’UEMOA ont adopté une mesure depuis 2018 basée sur la consommation des biens des foyers (l’Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages EHCVM). Un individu est considéré comme pauvre lorsqu’il dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En 2021, en Côte d’Ivoire, est considéré comme pauvre toute personne dont le revenu n’excède pas 1012 FCFA (1,54 euro) par jour, soit 30793 FCFA par mois et 369.516 FCFA par an. Quant à « l’extrême pauvreté », le revenu n’excède pas 750 FCFA (1,14 euro) soit 22.500 FCFA par mois et 270.000 FCFA par an. La communauté internationale a fixé comme objectif d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes d’ici à 2030.

 

A.M : Combien de personnes sont considérées comme pauvres en Côte d’ivoire ?

Les chiffres sur lesquels nous travaillons en synergie avec le Ministère de l’Economie, du Plan et du Développement sont établis en pourcentages. En 2024, le taux de pauvreté est de 35% pour l’ensemble de la population.

 

A.M : Selon les statistiques officielles, la réduction de la pauvreté est assez nette en Côte d’Ivoire depuis dix ans. 51,5% en 2011, 44,4% en 2015, 39,4% en 2018, 35% en 2023. Quel est l’objectif à 2030 ?

La réduction de la pauvreté est une priorité pour le Gouvernement. Nous notons avec satisfaction la diminution du taux d’année en année et nous nous sommes fixés comme objectif moins de 15% en 2030.

 

A.M : Qu’est-ce que ces chiffres nous disent ? Que font les personnes une fois sorties de la pauvreté ?

Les individus, une fois sortis de cette situation, sont pour la plupart en « Activité génératrice de revenus ». En effet, dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, ils reçoivent des formations, qui à terme, ont vocation à leur permettre de se prendre en charge.

A.M : Dans un pays où le train du changement est visible, comment faire pour prendre en compte les plus précaires sans les laisser sur le quai de la gare ? Quels outils avez-vous actionnés pour faire baisser la pauvreté ?

Les personnes vulnérables financièrement ne sont aucunement laissées pour compte. Elles sont intégrées dans le « Programme Social du Gouvernement » et les « Filets Sociaux ». Ce programme des Filets Sociaux consiste à verser une allocation de 36.000 FCFA chaque trimestre pendant 03 ans aux bénéficiaires qui sont choisis dans le respect de plusieurs critères dont la région et les conditions de vie entre autres. Le choix est fait par un Comité dirigé par le corps préfectoral de la région qui comprend toutes les forces vives notamment la chefferie traditionnelle, les chefs communautaires et les religieux, les représentants des femmes et jeunes. A ce jour, ce sont 230.000 ménages qui bénéficient des Filets Sociaux. Mais depuis le début en 2018, 452.000 ménages ont été impactés par ce programme. Je voudrais également citer le Programme AVEC (Association de Valorisation de l’Entraide Communautaire). Ce sont des regroupements de vingt à trente personnes qui épargnent ensemble, et cela débouche sur des activités individuelles et collectives génératrices de revenus.

 

Lire Aussi : "Notre action est visible à travers le nombre de ménages assistés par l’État" Kouadio Marie Koné, Directrice Générale de la Cohésion Nationale

 

A.M : Vos services ont établi une cartographie de la pauvreté dans le pays. Y’a-t-il des zones géographiques où la pauvreté est plus répandue ?

Les études sont conduites par l’Agence Nationale de la Statistique (ANSTAT), le PNUD, l’UNICEF et les ministères techniques. Mes services font une analyse de données pour l’extrême pauvreté par sous-préfectures et départements. En 2021, la pauvreté a reculé dans la majeure partie des régions de la Côte d’Ivoire. 20 régions sur les 33 ont connu une diminution de leur taux de pauvreté. La représentation cartographique des niveaux régionaux de pauvreté en 2021permet d’observer qu’elle est plus forte dans les zones du nord et du nord-est, et plus faible dans les zones de l’ouest et du centre. Nous constatons que les régions frontalières du nord du pays demeurent dans une situation précaire et que le taux de pauvreté y est accru. La baisse de la pauvreté est également observée en milieu urbain, tandis qu’en milieu rural, elle n’a pas sensiblement varié. En effet, entre 2018 et 2021, le taux de pauvreté passe de 24,7% à 22,2% en milieu urbain et de 54,7% à 54,4% en milieu rural.

 

A.M : Mais l’on n’est pas pauvre de la manière selon que l’on habite en zone urbaine ou rurale même si les revenus sont faibles. Comment abordez-vous cette question ? A partir de quel revenu entre-t-on dans la classe moyenne et à partir duquel peut-on considéré comme riche dans ce pays ?

La pauvreté matérielle est associée à l’incapacité totale ou partielle d’obtenir de la nourriture, des vêtements. Si l’on se base sur la satisfaction des besoins alimentaires, le logement, le transport, l’habillement, la santé, la communication, les loisirs l’épargne et les investissements, il est estimé que plus de 70?s revenus de l’individu sont affectés aux seules dépenses alimentaires, alors il y’a « extrême pauvreté » (1800 calories par jour). Entre 56% et 65% du revenu, c’est la pauvreté (2400 calories par jour) ; a moins de 30%, la personne appartient à la classe moyenne ; à moins de 10%, avec une épargne de 40% du revenu et une pleine satisfaction de tous les besoins de manière constante l’individu est considéré comme riche.

 

A.M : Vous êtes aussi en charge au sein du Gouvernement, de la solidarité dans la société ivoirienne. Quelle est votre conception de ce mot ? Quels outils avez-vous à votre disposition pour mener une politique de solidarité ?

Nous avons au sein du Ministère, une entité qui s’occupe des alertes précoces qui nous informe de tous les chocs que subissent les populations. Une fois alertés, nos services compétents élaborent des réponses à donner selon les cas. La solidarité ne peut pas être que financière.  

 

 

A.M : L’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion Sociale qui dépend de votre Ministère a été créé en 2008 pour évaluer et faire rayonner les politiques publiques pour lutter contre la pauvreté. A quoi sert-il et comment agit-il ?

L’Observatoire de la Solidarité et de la Cohésion Sociale est un établissement public administratif sous notre tutelle qui a pour missions de définir et d’actualiser les indicateurs de solidarité et de cohésion sociale. Cet outil permet au Ministère d’être tenu informé et alerté en permanence. Il développe les actions de sauvegarde et de promotion de la solidarité, évalue son évolution en tant que valeur sociale en Côte d’Ivoire. Pour cela, il conduit les études sur les politiques et programmes nationaux de solidarité et de cohésion sociale. Il est désormais un véritable outil de veille, d’alerte et d’aide à la décision. Ainsi, il fait le suivi régulier des incidents à travers son « Mécanisme National d’Alerte Précoce » qui mobilise plus de 13072 moniteurs d’alerte (des bénévoles qui couvrent toutes les sous-préfectures et villages). Ils rapportent au quotidien les situations de leurs localités avec les indicateurs de solidarité et de cohésion sociale. Nous sommes donc informés en temps réel des situations qui impactent la vie des populations (Conflits, inondations, vents violents etc…). A partir de ces alertes, nous intervenons pour agir, ramener le calme ou exprimer la compassion du Gouvernement. L’observatoire intervient aussi au niveau des processus électoraux. Il déploie des missions d’observations proactives à chaque élection accompagnées d’activités de sensibilisation. Tous les dysfonctionnements susceptibles de causer des troubles ou de perturber le bon fonctionnement du processus électoral sont remontés en temps réel pour que ces situations soient traitées et que le processus se déroule dans le calme et sans violence.

 

Vous êtes à l’affût de stratégies innovantes pour la réduction de la pauvreté. Le secteur privé, les ONG, la société civile font-ils preuve d’imagination positive ?

De plus en plus, nous tissons des partenariats avec le secteur privé, les ONG et la société civile dans le but d’atteindre une synergie d’actions et d’être plus efficaces en ce qui concerne la solidarité, la lutte contre la pauvreté et la cohésion sociale.

A.M : De façon générale, trouvez-vous la société ivoirienne, les ivoiriens solidaires entre eux ?

A cette question, je répondrai oui et non. Je dirais que la solidarité se ressent beaucoup plus en milieu rural qu’en milieu urbain. Nous travaillons à équilibrer les choses afin que l’ivoirien, partout où il se trouve soit solidaire de son prochain.

 

A.M : « L’ivoirien nouveau » est une idée lancée en 2015 par le Président de la République. Elle s’inscrit me semble-t-il dans cette démarche de rendre la société plus solidaire. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Effectivement le concept de l’ivoirien nouveau a été lancé lors de la campagne présidentielle de 2015. Il englobe plusieurs qualités et principes. Il incarne celui qui en est constante recherche de l’excellence. Il est résilient avec un sens élevé de la responsabilité. L’intérêt de la Nation prime pour l’ivoirien nouveau qui se voit à travers les autres et qui est bien évidemment solidaire de ceux-ci.

 

                                                                                        Propos recueillis par PHILIPPE DI NACERA

 

 


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