Durant deux jours, les représentants des Comités de lutte contre la traite des personnes dans les pays du Golfe de Guinée ont adopté une stratégie pour améliorer et opérationnaliser les textes de lois existants entre ces pays pour une meilleure gestion de ce fléau dans la sous-région. Ce cadre d’échanges est une initiative d’Expertise France, à travers la mise en œuvre du projet régional d’Appui contre la traite des personnes (ALTP). L’atelier de coopération régionale par l’application des accords existants et la coordination de l’organisation régionale CEDEAO, placé sous la présidence de Myss Belmonde DOGO, Ministre de la Solidarité et de la lutte contre la Pauvreté, a refermé ses portes le mardi 14 décembre 2021 à Abidjan.
Ces travaux viennent redynamiser la coopération régionale sur la lutte contre la traite des personnes. Il a s’agit entre autres de réviser des textes de lois en vigueur et d’élaborer une feuille de route applicable dans les pays du Golfe de Guinée. « Toutes les initiatives prises individuellement au niveau des États, ne sauraient être efficaces devant l’ampleur de la menace qui se régionalise. C’est pourquoi, le gouvernement ivoirien se réjouit de la tenue de cette rencontre qui offre un cadre de réflexion et de partage d’expériences entre nos États. » a fait remarquer la Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté à l’ouverture de l’atelier le 13 décembre.
En outre, Myss Belmonde DOGO a instruit tous les acteurs de lutte contre la traite des êtres humains à continuer à traduire en action les engagements pris par les pays respectifs pour mettre fin à cette forme d’esclavage à travers les différents accords signés.
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Sur le plan juridique en Côte d’Ivoire, la Ministre a énuméré la ratification en 2012 de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son protocole additionnel relatif à la traite des personnes ainsi que l’Adoption de la loi du 8 décembre 2016 portant lutte contre la traite des personnes initiant le Comité national de lutte contre la traite des personnes (Cnltp). A ces dispositions, s’ajoutent les mesures visant à lutter contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants mises en place à partir de 2010 sous le leadership de la Première Dame Dominique Ouattara.
En plus, c’est toute une batterie de mesures qui a permis à la Côte d’Ivoire, avec l’appui des partenaires, d’obtenir des résultats satisfaisants dans la lutte contre ce fléau. On peut citer entre autres la prise en charge de plus de 1380 victimes de traite de nationalité étrangère et plusieurs opérations de police criminelle chargée de la lutte contre la traite, l’exploitation, le travail des enfants et la délinquance juvénile dans plusieurs villes de l’intérieur du pays.
La présidente de cet atelier régional a aussi annoncé les défis de la Côte d’Ivoire dans le cadre du renforcement de la lutte contre ce phénomène transnational. Ce sont la création de centres d’accueil aux différentes frontières pour la prise en charge des victimes et l’installation des cellules régionales de lutte contre la traite des êtres humains dans les 31 régions du pays.
Au cours de l’atelier initié par Expertise France, les réflexions ont porté sur les questions de prévention, de coopération et des mécanismes de suivi dans le cadre de la coopération institutionnelle. Sur le plan pénal, les sujets portant sur l’investigation, le partage d’information, la poursuite, l’extradition et l’entraide judiciaire ont été abordés. Relativement à la protection des victimes, les participants se sont consacrés à l’état civil, le rapatriement volontaire, l’assistance et la mobilisation de la société civile.
Toutes ces thématiques abordées ont mis à découvert plus de 50 actions et interventions prioritaires pour venir à bout de ce phénomène.
Ces actions permettront d’établir un référentiel qui sera destiné à toutes les parties prenantes pour leur mise en œuvre dans les pays concernés par le phénomène de la traite des êtres humains.
A l’issue de ces travaux, Myss Belmonde DOGO a encouragé toutes les délégations des pays concernés par le phénomène de la traite des personnes à s’approprier les actions proposées sur la feuille de route, assurer leur mise en œuvre et en faire le suivi.
C’est pourquoi, elle invite les partenaires techniques et financiers à savoir l’Union Européenne et Expertise France à soutenir la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie de lutte contre la traite des humains dans l’espace sous-régional.
Pour Cvijeta Jekic, Directrice Adjointe Département Gouvernance Justice et Droits Humains d’Expertise France, il est important pour tous les acteurs de lutte contre la traite des personnes d’instituer ce cadre d’échanges qui va amener à sauver des vies. « Cette rencontre de réflexion constitue un pilier essentiel dans la construction d’un environnement humain, économique, sécuritaire et protecteur des personnes » a-t-elle signifié tout en saluant la forte implication et la ferme volonté des participants à combattre ce phénomène qui prend de l’ampleur. « Dans la mise en œuvre du projet, cette feuille de route adoptée permettra de recentrer nos efforts sur les priorités que vous avez identifiés, mais également au nom des victimes de traite qui pourront être sauvés grace à votre travail » a adressé Cvijeta Jekic.
Notons également que dans le cadre du Projet Régional d’Appui à la Lutte contre la Traite des Personnes, 12 milliards de FCFA ont été injectés par l’Union Européenne. L’objectif est de réduire le phénomène de la traite des personnes au plan régional et mondial. Pour Jobst Von Kirchmann, Ambassadeur de l’Union Européenne en Côte d’Ivoire, cet atelier de coopération régionale est salutaire d’où l’engagement à soutenir davantage les efforts de lutte contre le fléau. « 2,5 millions de personnes sont victimes de traite dans le monde. La seule manière de répondre efficacement contre ce fléau, est d’approfondir la coordination entre tous les acteurs tant au plan sous-régional que mondial » a lancé le représentant de l’Union Européenne en Côte d’Ivoire.
L’atelier pour la redynamisation de la coopération régionale par l’application des accords existants et la coordination de l’organisation régionale CEDEAO a vu la participation de tous les comités de lutte contre la traite des personnes des pays du Golfe de Guinée que sont le Benin, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Ghana, le Nigeria et le Togo ainsi que des représentants de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l’Office des Nations Unies contre les drogues et le crime (ONUDC).