Un mémorandum et une feuille de route élaborés engagent les deux faitières islamiques en Côte d’Ivoire CODIS et COSIM, dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, la mortalité néonatale, maternelle et infantile, le mariage et grossesses précoces et les violences basées sur le genre. A cela s’ajoute, la promotion de la scolarisation et le maintien des filles à l’école et la planification familiale. C’est une décision prise suite à l’atelier de restitution nationale de formation de certains d’entre eux à l’Université Al Azhar en Egypte sur les thématiques du SWEDD qui a refermé ses portes le mercredi 15 juin à Yamoussoukro.
Conscients des défis majeurs de la Côte d’Ivoire en matière de santé maternelle des adolescents et jeunes, et en matière de scolarisation et de maintien des filles à l’école, le COSIM et le CODISS se sont engagés au niveau national pour multiplier les campagnes de sensibilisation des populations à travers les sermons et les pré-sermon en intégrant dans leurs messages, les thématiques relatives au Projet SWEDD.
Pour les leaders musulmans, il faudra aussi faciliter le renforcement de capacités des guides religieux afin de leur permettre d’acquérir des connaissances scientifiques et islamiques en vue de contribuer à leur adhésion, et leur engagement dans la lutte contre tous les fléaux qui empêchent l’autonomisation des filles et des femmes. « Les leaders religieux à former doivent être dans une zone à forte prévalence d’excision, de non-scolarisation et du non-maintien des filles à l’école, savoir lire et parler couramment l’arabe, et ne doivent jamais avoir participé à une formation sur les différentes thématiques du projet SWEDD » souligne l’Imâm Lamine Camara du CODISS.
En outre, les guides religieux ont affiché la volonté de se former sur les questions de santé et de reproduction en partenariat avec le Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle avant d’évoquer l’organisation des journées promotionnelles, conversations communautaires et discussions de groupe dans les lieux de culte afin de sensibiliser les personnes concernées à un changement de comportement.
Tout en reconnaissant le rôle des leaders religieux en tant qu’éveilleur de conscience dans la société, l’Imâm Lancina Cissoko du COSIM invite tous ses collègues et coreligionnaires sur toute l’étendue du territoire national à interdire les mariages forcés, à promouvoir l’abandon des mariages des filles de moins de 18 ans, l’excision sous toutes ses formes tel qu’interdit par la loi en Côte d’Ivoire ainsi que la scolarisation et le maintien des filles à l’école, autant que les garçons. « Nous guides religieux, prenons l’engagement de sensibiliser au respect et à l’application des lois luttant contre le mariage des filles de moins de 18 ans, le mariage forcé, l’excision sous toutes ses formes, la non scolarisation et la déscolarisation des filles comme des garçons » a-t-il assuré.
Pour réussir donc ce pari, le COSIM et le CODISS recommandent au Gouvernement de multiplier davantage ses actions en faveur des jeunes filles et adolescentes.
Ces suggestions se situent entre autres au niveau de la vulgarisation et l’application effective des textes de lois relatifs au mariage des filles de moins de 18 ans, le mariage forcé, l’excision sous toutes ses formes, les violences sexuelles, la non-scolarisation et la déscolarisation des filles, l’intensification de la construction des écoles de proximité pour faciliter le maintien des filles à l’école sans oublier l’accélération du processus d’adoption de la loi sur la santé de la reproduction tenant compte des recommandations des Autorités religieuses. « Les pouvoirs publics devraient associer les autorités religieuses lors des études des textes des lois sur les différentes thématiques du SWEDD » a suggéré l’Imâm Lancina Cissoko.
Au nom de la Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, Lassina Touré, Coordonnateur national du projet SWEDD a lors de la cérémonie de clôture de l’atelier, souligné que « Ce mémorandum et la feuille de route élaborés par les guides religieux musulmans constituent un point de départ pour mieux adresser les questions d’autonomisation des jeunes filles et adolescentes en vue du dividende démographique ».
Notons que toutes ces recommandations seront transmises au Gouvernement pour accélérer sa mise en œuvre en faveur des jeunes filles.
Ces recommandations issues de cet atelier de restitution facilité par l’Alliance des Religieux pour la Santé Intégrale et la Promotion de la Personne Humaine en Côte d’Ivoire (ARSIP) vont appuyer le rôle que vont jouer les 250 guides religieux et leaders traditionnels déjà formés ainsi que les 800 nouveaux guides qui seront formés au niveau local dans les 15 nouvelles régions du projet.