« Utilisation et abus de la technologie » est la thématique de l’édition 2022 de la Journée Mondiale de la Lutte contre la Traite des Personnes. A l’occasion de la célébration officielle qui s’est tenue le samedi 30 juillet à Daloa, la Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté Myss Belmonde DOGO a invité les populations à beaucoup plus de prudence en évitant la nouvelle ruse des trafiquants d’êtres humains qui utilisent les réseaux sociaux pour recruter les jeunes en vue de les obliger à s’adonner à des actes et services sexuels.
Pour Myss Belmonde DOGO, le thème de cette année revêt d’une importance capitale en ce sens que les trafiquants des êtres humains, par le moyen des réseaux sociaux, diffusent des fausses informations et images pour tromper leurs potentielles victimes.
Face à cette nouvelle ruse, il faudra mettre l’accent sur la sensibilisation de la jeunesse, des femmes et des enfants sur les dangers auxquels ces derniers sont exposés. « Bien que les plateformes de médias sociaux soient un excellent moyen de rester en contact avec ses amis et sa famille, elles sont également de plus en plus utilisées par les trafiquants et autres prédateurs sexuels pour attirer et recruter des jeunes en vue de les contraindre à se livrer à des actes ou services sexuels. » a expliqué la Ministre ajoutant que c’est un nouveau défi à relever dans le but de protéger les différentes cibles de ce fléau.
« Chers braves parents, refusez avec la dernière énergie d’obtempérer lorsqu’on vous demandera de l’argent pour trouver du travail à vos enfants en Côte d’Ivoire ou ailleurs. Cher jeune, ne te laisse pas berner par les belles images et les contes de fée publiés par les réseaux sociaux (…) l’eldorado, c’est ici et pas ailleurs » a insisté la Ministre de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté dans son intervention.
« Faisons-en sorte que Daloa ne soit plus le point de départ dans le désert ou sur la mer. Redonnons une belle image à cette cité et prenons l’engagement de ne plus prendre nos enfants ou les encourager à y aller, car c’est se donner rendez-vous avec la mort » a-t-elle martelé.
Et pour atteindre cet objectif, Myss Belmonde DOGO, a par ailleurs souhaité une synergie d’actions des Ministères techniques, membres du Comité National de Lutte contre la Traite des Personnes (CNLTP), des partenaires techniques et financiers et les autres acteurs de la société civile pour mener une lutte efficace de la traite des personnes.
Le choix de la ville de Daloa pour abriter la cérémonie officielle de la Journée Mondiale de la Lutte contre la Traite des Personnes n’est pas fortuit. En effet, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Daloa constitue la deuxième ville de départ des migrants après Abidjan. Pour Alessandro Rabbiosi, Directeur du Projet régional d’Appui à la Lutte contre la Traite des Personnes dans le Golfe de Guinée, cela montre l’ampleur du phénomène dans la région du Haut Sassandra et appelle au renforcement de la mise en œuvre des interventions.
C’est pourquoi les partenaires techniques et financiers que sont Expertise France et l’Union Européenne ont procédé ce jour, à l’installation de la cellule régionale de la Lutte contre la traite des personnes présidée par le Préfet de la région du Haut-Sassandra. « L’installation de cette cellule régionale dans le Haut Sassandra constitue un maillon essentiel du dispositif de lutte contre la traite des personnes au niveau local avec l’implication de tous les acteurs. Nous sommes confiants que cette cellule saura assurer son rôle primordial tant attendu au regard du phénomène dans la région » a indiqué Alessandro Rabbiosi.
Nicolas Seye, représentant de CIVIPOL, opérateur international de sécurité du Ministère de l’Intérieur et partenaire technique du Comité National de Lutte contre la Traite des personnes, est quant à lui revenu sur les moyens de répression sur le trafic illicite de migrants et la criminalité transnationale organisée. Il a expliqué que la particularité du partenariat avec le Gouvernement ivoirien se situe dans la prévention et la protection des victimes, ainsi que les poursuites judiciaires des trafiquants d’êtres humains. « Grace aux résultats obtenus en matière de démantèlement de réseaux et de condamnations des acteurs de traite dans le pays, nos interventions qui devraient prendre fin en août 2022 ont été prolongées à décembre 2022 à la demande du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité » a-t-il fait savoir.
Face à l’avancée de ce fléau en Côte d’Ivoire, le Gouvernement ivoirien s’est doté de plusieurs instruments juridiques et a mené des actions concrètes dans le cadre de la lutte contre la traite.
Il s’agit notamment de la formation de 99 Magistrats, 363 Officiers de la Police Judiciaire et Agents de la Police Judiciaire, 157 Diplomates et assimilés sur la traite des personnes et le trafic illicite de migrants ; L’installation des Cellules Régionales de Lutte contre la Traite des Personnes dans les Régions du Sud-Comoé, du Gontougo et du Poro et la prise en charge holistique de 2 165 victimes de traite à ce jour.
En prélude à la célébration officielle de la Journée mondiale de la Lutte contre la Traite des Personnes à Daloa, plusieurs activités ont été menées dans le cadre de la campagne dénommée « Cœur Bleu » initiée par les Nations-Unies.
A travers des ateliers, caravanes et conférences, les populations de la ville de Daloa ont été sensibilisées du 25 au 29 juillet sur la thématique de la traite des personnes et le trafic illicite des migrants, les risques d’une mauvaise utilisation des réseaux sociaux ainsi que sur la protection et la prise en charge des victimes de Traite des Personnes et de trafic illicite des migrants.